The Agency

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The Agency est le nom d’un jeu vidéo d’espionnage. Mais c’est aussi le nom d’un groupe de pop expérimentale qui, entre Paris et Londres, fait parler de lui. Ecouter The Agency, c’est justement entrer dans un jeu vidéo qui se passerait dans un univers parallèle. Les membres, soit les autoproclamés « gnome », « savant élastique » et « despote découronné », nous invitent dans un voyage intergalactique sur une planète où la pop retrouverait ses lettres de noblesse.

Découverts l’an passé à un concert au Point Ephémère (Paris) où on avait pris une sacrée claque, on les retrouve aujourd’hui pour la sortie de leur premier album Somnographe sorti chez A Quick One Records. Excentrique, minimaliste, frais et sophistiqué, ce projet est un peu celui qu’on attendait, à un moment où les effets de mode et les guitares acoustiques envahissent la sphère musicale avec leur « damdamdeo » et autres niaiseries à headband.

Chez The Agency, la surprise commence avec la pochette au design insolite conçu par le groupe lui-même et le graphiste Yann Lacour. On s’interroge : y a-t-il un sens caché ? Une symbolique dans ces quatre silhouettes fantomatiques qui contemplent une jambe électronique ? Bienvenue chez The Agency, le voyage ne fait que commencer.

Somnographe s’ouvre avec le titre éponyme qui annonce tout de suite la couleur : synthétiseur prédominant et réincarnation de Brian Wilson en la personne de François Blet, chanteur du groupe. Avec Midnight Garden, le groupe nous invite à décoller doucement avant d’atteindre leur strastopshère musicale : une mélodie entêtante et légère, soutenue par des choeurs évanescents avec Secrets To Be Told. Puis le morceau Mysery qui ne ferait pas tache dans une version pop et chiadée de la BO de Kirby’s Dream Land.

Le rythme se ralentit légèrement avec Not Singular, Beautiful Sleep et Watching Us où on découvre une pop electro laissant largement sa place aux voix et à une mélodie plus épurée.

Enfin, nos deux coups de coeur : Sorry Bobby et First Time Again. Le premier nous séduit par son petit côté 80′ enlevé et très rythmé. Le deuxième, qu’on écoute en boucle depuis qu’on a reçu l’album, apparaît comme le titre phare de l’album avec un François Blet qui s’envole dans les aigus, une guitare et un synthé parfaitement maîtrisés et un refrain qui frôle le génie.

The Agency

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Nous avons rencontré François Blet, de The Agency et lui avons posé quelques questions. Découvrez cette interview haute en couleur.

François, on est un petit peu interloqué par le design de la pochette et le titre de l’album… Tu peux nous en dire plus ? 

Tout ce que nous pouvons vous dire, c’est que la clé du dessin se trouve sur la pochette. Quant au somnographe, c’est une machine qui mesure l’activité cérébrale durant le sommeil.

Comment est né The Agency et comment s’est construit votre univers si particulier ? C’est le reflet de votre personnalité ou un moyen de vous démarquer des autres groupes ?

Selon le point de vue, The Agency est le résultat d’une suite d’accidents heureux ou de désastres aléatoires. Notre univers est assez autonome, c’est un peu comme notre progéniture,  née d’une union contre nature. Il est hermaphrodite, se nourrit de lui-même et se développe donc seul. On aimerait vous dire que tout ça est parfaitement maîtrisé, qu’il existe un chemin promotionnel tout tracé mais nous ne sommes pas Lady Gagesques. On se contente de tenir la laisse de notre monstre, le plus fermement possible.

Pourquoi avez-vous attendu 5 ans avant de sortir cet album ?

Il a fallu que Industry Of Cool (le management) et Dombrance, notre producteur, mettent nos pieds dans les étriers d’un cheval que nous pensions inachevé. Livrés à nous-mêmes, on aurait sorti un seul album de 345 chansons, juste avant de mourir.  

Où trouvez-vous votre inspiration ? Comment se passe votre processus de composition ? 

Sous couvert d’organisation de colloques sur la composition, nous enlevons chaque année une dizaine de génies en devenir que nous modifions physiquement avant de les parquer sur une île du Pacifique. Nous y organisons ensuite de grands concours puis nous volons les idées des gagnants. J’apporte des chansons dépouillées en studio puis nous les arrangeons à trois. Chacun dispose d’un droit de veto et le but du jeu est évidemment de contourner ce problème pour asseoir son autorité. C’est la raison pour laquelle nous avons autant d’armes que de claviers.

Si The Agency n’existait pas, vous vous verriez dans quel groupe ? 

J’aimerais faire des recherches sur la pop aztèque et détrôner le dubstep. Romain ferait de l’expérimental solo, en détournant les sons d’appareils électroménagers et Yannick serait le leader d’une chorale d’octogénaires travestis,  uniquement s’il ne parvient pas à monter un groupe avec des élans. Mais vu ses résultats actuels avec les insectes, ça m’étonnerait.

On sent aussi l’influence des Beach Boys dans vos chansons… Vous auriez aimé avoir un groupe dans les 60′ ? 

Etant donné que c’est de la science-fiction, il faudrait mieux  voyager vers les années 50 pour écrire les chansons des Beatles avant eux.

Si vous n’étiez pas musicien, quel autre art auriez-vous pratiqué ? 

Nous pratiquons déjà toutes ces choses (nos sculptures seront dévoilées en 2013) au sein du groupe. Mais au-delà de ça, nous avons toujours voulu monter une agence de chasseurs de fantômes, quelque chose de très justifié sur le plan scientifique, pas comme les ghostbusters, de dangereux fantaisistes qui ont fait beaucoup de mal à la profession.

Et dans 20 ans, vous vous voyez toujours dans la musique ? Si oui, en France ? 

Si tout se déroule selon le plan initial, dans 20 ans, nous serons à la tête de notre propre pays. Lorsque vous êtes le ministre de la Culture et le seul artiste de votre nation, les choses sont plus simples.

L’album vient de sortir, vous avez sûrement des concerts prévus, peut-être même un clip ? 

Nous jouerons au Bus Palladium le 6 janvier avant de sortir notre premier clip,  sur lequel on bosse actuellement. Il y a également des remix dans les tuyaux, parce que l’idée selon laquelle l’univers est régi par des tuyaux est assez séduisante.

Vous pensez déjà à l’après Somnographe

Nos projets ? Tourner, aller un peu plus loin dans l’élaboration de l’image du groupe, à travers la vidéo et la mise en scène du live. Ensuite, il sera déjà temps de penser au second album. Sinon, on a aussi écrit un opéra sur le saut à la perche mais on ne peut pas encore le présenter, une histoire d’assurances…

La crise de l’industrie musicale est sur toutes les bouches… Vous avez un avis là-dessus ?

Comme nous sommes plongés dedans,  on n’a pas le temps de la voir. On espère juste qu’il s’agit d’une mutation et pas d’un déclin irréversible. 

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A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few