En matière de médiation culturelle, il faudra maintenant compter avec l’expertise de Mutt, nouvelle agence créée par Eglantine Le Camus. Entre art, technologie, et digital, nous donnons la parole à Eglantine qui nous parle de ce projet très original.

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Bonjour Eglantine, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Bonjour Spanky Few. J’ai commencé ma carrière en agence, sur des problématiques « 360° ». Mais très rapidement, j’ai radicalisé mon choix pour le digital. Après 5 ans de bons et loyaux services dans différentes agences, j’ai eu envie de sortir un peu de ce modèle. Alors j’ai créé Lieu Commun : une structure plus souple (peu de compétences intégrées) qui me permet de monter des équipes sur-mesure pour chaque projet, composées de profils séniors ; tout en pratiquant des tarifs très compétitifs. Depuis 5 ans, nous accompagnons de grands groupes dans la définition de leur stratégie digitale et la production de contenus Web.

Quel est le concept de Mutt et comment l’agence est-elle née ?

Mutt est un projet qui mature depuis plusieurs années…  J’ai longtemps cherché à créer des synergies entre mon métier et ma passion pour l’art et la culture en général. Ce projet a pris différentes formes (galerie d’art numérique, solution technologique d’authentification d’œuvres d’art immatérielles) jusqu’à aboutir à ce qu’il est aujourd’hui : une marque de Lieu Commun, dédiée à ce que l’on appelle la médiation culturelle numérique.

Côté concept, nous parlons de communication « Web-to-situ » et « In Situ », en référence à la communication Web-to-store et In store qui a fleuri ces dernières années. L’idée, c’est d’adapter les innovations déployées dans les lieux de vente aux lieux de culture, en leur donnant une vocation pédagogique/immersive.

Un autre aspect du concept est de maîtriser la forme aussi bien que le fond qui est souvent négligé. Nous nous appuyons pour cela sur un réseau de partenaires experts et passionnés, dont des médiateurs culturels qui valident la pertinence de nos dispositifs et nous aident à produire des contenus qui font sens.

Pourquoi vous dirigez vers la communication culturelle ? 

Par passion, par conviction, par envie évidemment… et par frustration ! Comme nous l’expliquons sur notre site, nous sommes de grands consommateurs de culture et comme tout le monde de temps en temps (pour ne pas dire souvent), nous sortons frustrés des événements auxquels nous assistons… Alors nous avons eu envie de créer ce dont nous aimerions disposer en tant que public. Qui mieux qu’un utilisateur peut comprendre les besoins/envies d’un utilisateur ?

Selon vous, quels sont les enjeux actuels de la communication culturelle et plus particulièrement lorsqu’elle touche l’art ? 

Proposer de nouveaux modes de découverte, s’adapter aux usages et aux attentes d’un public devenu « digital addict ». Et au-delà de ça, anticiper/créer les besoins, stimuler la curiosité pour attirer et fidéliser de nouveaux publics. Des enjeux vitaux pour nombre d’établissements culturels.

Qu’est-ce qu’un événement culturel innovant ? 

Un événement qui met la technologie au service d’une expérience inédite et permet au public de s’approprier l’œuvre mise en scène.

Quelle est votre définition de la « culture augmentée » ? 

Une culture enrichie et enrichissante. Exaltante. Mais aussi accessible et pertinente. Avec laquelle on peut créer une véritable interaction. Cette signature résume notre vocation aussi bien que le défi que doit relever le marché de la culture : enrichir l’expérience culturelle, s’approprier la technologie pour trouver de nouvelles façons de mettre la culture en valeur (versus lui faire de l’ombre ou l’affubler de dispositifs « gadgets »).

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Vous travaillez avec Léo Caillard qui dans ses œuvres, marie souvent art et technologie. Est-ce important pour Mutt ?

Pour répondre à cette question, je donne la parole à Arnaud, le Directeur de Création de Mutt. C’est lui qui est à l’origine de notre rencontre avec Léo : « Oui c’est important ! J’ai vite pensé à Léo pour illustrer avec pertinence et humour, notre volonté de relier voire même fusionner les deux mondes pour enrichir l’expérience du public. La technologie permet de créer des interactions fortes avec le public avant, pendant et même après une visite ou un événement culturel. La technologie dans l’art, quand elle est un outil de médiation (et non de création), se doit d’être la plus discrète et accessible possible. Elle doit être perçue comme une extension naturelle du lieu ou de l’œuvre et en faciliter l’appropriation par chacun. Les visuels de Léo illustrent bien ce lien naturel. D’ailleurs Léo, un grand merci 😉 »

Pensez-vous qu’actuellement l’art ne puisse pas mettre de côté la technologie ?

Voilà une question qui prête à débat ! Nous vivons dans une société technologique dont l’art est nécessairement le reflet… La technologie est devenue un outil de création majeur et l’objet de nombreux fantasmes. Même si un artiste peut aujourd’hui créer sans faire usage de la technologie, le marché de l’art ne peut aller contre le sens de l’histoire. S’agissant de la technologie comme outil de médiation culturelle, là encore, on peut toujours faire sans, mais c’est aller à l’encontre des attentes ou habitudes du public auquel on s’adresse, et se priver de formidables outils.

Pensez-vous qu’un jour les musées physiques n’existeront plus et que toutes les œuvres d’art seront digitalisées ?

Non, et ce n’est pas souhaitable ! Par contre je crois qu’il est important de réinventer le musée.  De nouveaux modèles sont à penser, en termes d’usages, d’expérience, de valorisation des œuvres (je préfère éviter ici la question de la conservation qui est un sujet à part entière et dont l’intérêt est indubitable). Des synergies sont à créer entre expérience physique et numérique, les deux sont complémentaires et deviennent indissociables.

Enfin, quels sont les projets de Mutt pour les mois à venir ?

Nous travaillons actuellement sur une application d’«audioguide augmenté» pour offrir aux visiteurs d’une institution parisienne, une expérience à la fois pédagogique et immersive, qui s’adapte à chaque public (y compris aux personnes malentendantes et malvoyantes). Nous réfléchissons en parallèle à un dispositif qui permette de valoriser la collection d’art d’une fondation d’entreprise. Pour le reste, souhaitez-nous de nous voir confier rapidement un tas de projets passionnants dont on sera très heureux de venir vous parler !

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A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few