Qui de mieux pour parler de tatouages que Nicolas Brulez, fondateur de The Tattoorialist ? Entre poésie, mystère et technique, c’est toujours un plaisir de découvrir les dessins qui se cachent derrière une manche de pull ou sous une veste. Depuis plusieurs années, The Tattoorialist nous fait découvrir des personnalités anonymes qui se dévoilent à travers leurs tatouages. Rencontre avec un passionné de photos, de rencontres et de tatouages.

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Hello Nicolas, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Bonjour, il est un peu particulier. Je ne suis pas photographe de formation, plutôt de passion. Je suis infirmier de secteur psychiatrique spécialisé dans les troubles anxieux. Bien que la photo ne m’ait jamais abandonné, c’est toujours avec le luxe de la liberté créative que je m’y suis adonné.

Avez-vous toujours été passionnée par le tatouage ?

Plus par les modifications corporelles pour être honnête, l’iconographie du corps, sa construction sociale … Mais cette discipline m’a longtemps intrigué, tant pour les raisons du désir de muer son corps en moyen d’expression que pour son intérêt intime. Je crois que je suis plus enthousiasmé par la rencontre que par le tatouage. C’est un peu une excuse pour me nourrir des histoires de vie de ceux que je photographie.

Pour vous, que symbolise le tatouage ?

D’un point vue purement subjectif, c’est une manière d’être différent. Bien sûr nous sommes tous différents, l’expression de nos gênes nous rend unique, mais c’est une différence de plus, celle-ci est choisie. Etrangement j’assume plus qui je suis, ma personnalité, mes émotions, mes actes… depuis que je suis tatoué, à moins que ce ne soit l’âge ! Mes différentes rencontres m’ont appris énormément sur le tatouage, ne serait que sur les raisons que chacun avance : l’esthétisme, la réappropriation du corps, le devoir de mémoire ou encore l’hommage à un être cher.

Comment est né The Tattoorialist ?

Avant de me lancer dans ce projet, j’ai (avec ma fiancée) créé un site ( IN&OUT) orienté jeunes créateurs et connaissance de la mode. Nous couvrions alors les défilés de mode à Paris, les festivals de jeunes créateurs … C’est à la suite d’une série de photo à la sortie d’un défilé, quelques mois après mon premier tatouage que l’idée m’est venue. En pleine nuit, à la recherche de l’Idée parfaite, du projet parfait, je tournais et virais entre mes draps quand tout à coup deux images se sont superposées : celle de mon tatouage et celle de cette jeune fille dans le jardin des Tuileries. Je me suis mis à arpenter les rues de Paris en quête de personnes tatouées.

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Comment réagissent les gens que vous voulez prendre en photo quand vous les abordez ?

Etrangement bien, même si c’est toujours difficile pour moi de stopper la course quotidienne des gens. Ils accueillent toujours positivement ma démarche.

Comment décririez-vous le tatouage parfait ?

C’est celui que la personne assume, malgré ses défauts.

Beaucoup de tatoués considèrent le tatouage comme un mode de vie, qu’en pensez-vous ?

Après deux ans, je comprends ce point de vue. C’est cette différence entre avoir un tatouage et être tatoué. A partir d’une certaine quantité de tatouage, on rentre dans un autre univers. Je préfère rester en dehors pour garder une certaine naïveté.

La démocratisation du tatouage et son évolution au rang d’art via des expositions comme celle du Quai Branly par exemple… Pour ou contre ?

Totalement POUR, le tatouage est un art populaire à part entière. N’oublions pas qu’avant d’être sur la peau le tatouage nait d’un dessin. Tout ce qui peut permettre de parler de cet univers est une chose à saluer.

Comment va évoluer le tatouage dans les prochaines années ?

Il va régresser, je suis persuadé. La demande est forte pour le moment, les marques et les publicitaires se servent du tatouage comme porte étendard d’une génération, d’un mouvement. Quand la tendance se tassera les salons seront plus vides. Mais les gens seront toujours tatoués. En terme de style, c’est comme dans la mode, la progression se fait par cycle.

Le tatouage en général vous surprend-il toujours en 2014 ?

Oui, les artistes sont créatifs, nombreux sont les graphistes qui passent le cap et deviennent tatoueurs. Les styles sont différents d’il y a 20 ans, et seront sensiblement différents dans les années à venir.

Vous êtes vous même tatoué. Quel sera votre prochain tatouage ?

Un squelette à genou (une blague avec ma fiancée) par Jessa Moulin et une phrase en typo minimaliste par Kuvera. Bien d’autres sont enfermés dans un coin de ma tête.

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A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few