New York est une ville artistique qui a toujours été un des centres mondiaux du street art.

Quand on pense New York et street art, on cite tout de suite Basquiat, Obey ou Keith Haring. Une nouvelle génération d’artistes arrive et se montre sur les murs de la ville. Leurs noms : Bradley Theodore, Hanksy, UncuttArt ou Poster Boy. Leurs armes : de la créativité, des pinceaux, de la colle et les réseaux sociaux. Pour être reconnu auparavant, il fallait être un artiste avec du talent, un agent et des bons contacts pour être accepté dans une galerie afin de montrer son art… et le vendre.

Aujourd’hui les réseaux sociaux permettent d’accéder directement aux futurs clients.

Quelques exemples :

Kelsey Montague  une street artist qui utilise ses crayons afin de dessiner des ailes d’ange sur les murs de New York notamment. Elle utilise aussi et surtout Instagram afin d’engager la conversation avec des followers (déjà plus de 22000) en utilisant le hashtag #whatliftsyou. Elle reçoit ainsi ses idées de ses fans sur Instagram et peut aussi proposer d’autres créations sur son site. Ses créations sont maintenant disponibles sur le site de e-commerce Etsy et vous pouvez commander des coques d’iPhone personnalisées.

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Hanksy est un artiste très connu de la scène new-yorkaise. Grand fan de Banksy et de l’acteur Tom Hanks, il a décidé de s’inspirer de ces deux stars afin de proposer des œuvres de street art assez humoristique.

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Sa première “oeuvre” date de 2011 : une photo de Tom Hanks couplée a une image de Banksy, mais au lieu d’envoyer son Photoshop a des amis par email, il a préféré s’afficher sur les murs de New York et envoyer des images a différents blogs de street art ! Effet réussit, il a maintenant plus de 42000 followers sur Instagram, 27000 fans sur Facebook et un « store » sur son site sur lequel il vend des reproductions ou des œuvres originales.

Il organise souvent des chasses au trésor à New York afin de créer le buzz avec ses fans en cachant des œuvres inédites en plein cœur de la ville, puis en révélant des indices sur son compte Instagram et là encore cela marche. Après avoir accumulé des fans sur les différents réseaux sociaux, il fallait passer à l’étape suivante : l’exposition. Grâce à son nombre de fans, il a ainsi pu être exposé dans différentes petites galeries de Manhattan avant de passer à l’étape supérieure : son propre show.

Le 28 mars, il a pu bénéficier d’un espace a la taille de son art : une ancienne banque désaffectée dans le Lower East Side de Manhattan pour son show : « The Worst of the Best ». Pendant 2 jours, l’artiste anonyme a ainsi montré ses créations à plusieurs centaines de fans qui ont fait la queue plusieurs heures avant de pouvoir entrer. Quelques heures après l’ouverture des portes de la banque, des centaines de photos étaient taguées en ligne avec le hashtag« HanksyNYC ». L’exposition a été un vrai succès et de nombreuses œuvres ont été vendues.

Bradley Theodore est un artiste d’origine haïtienne très connu pour sa peinture représentant Anna Wintour et Karl Lagerfeld sur un mur du Lower East Side de Manhattan.

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Passionné par la mode, il représente les stars de cet univers dans ses œuvres murales, qu’il signe tout simplement avec son compte Instagram ou son email. Sur son site web, un magasin en ligne apparait temporairement, Bradley Theodore veut d’abord créer le contact avec ses followers. Il aime d’ailleurs souvent reposter les Instagrams de ses fans .

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Il est maintenant exposé de NYC à Los Angeles et les magasins de mode se l’arrachent afin d’avoir une de ses œuvres. Le magasin Marc Jacobs de Soho abrite d’ailleurs une de ses créations originales.

UncuttArt est un des derniers artistes à se faire connaitre. Toujours masqué pour ne pas être reconnu, UncuttArt tapisse les murs de la ville de ses collages représentant Michael Jackson ou Steve Jobs.

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Il est bien sûr présent sur Instagram et Twitter afin de montrer ses créations, le processus de création et de rester connecté avec ses fans. Mais surtout, il a décidé de financer sa première exposition en utilisant le Crowdfunding sur Indiegogo en 2014. Bien que l’opération n’ait pas pu être totalement financée à temps, le principe est intéressant : participer au développement d’un artiste en lui permettant d’atteindre son audience lors d’une exposition en recevant des entrées gratuites, une reproduction d’une de ses œuvres ou une création originale.

Le street art voit donc d’énormes avantages dans l’utilisation des réseaux sociaux par ses différents créateurs. Ce sont les moyens les plus simples et les plus pertinents pour faire découvrir son art, être en contact avec ses fans et augmenter sa renommée. Dans les années 70, âge d’or du street art à New York, les œuvres exposées n’étaient vues qu’ à New York. Le street art est une des plus importantes méthodes pour communiquer avec un public et les réseaux sociaux s’accordent donc parfaitement afin d’être le relais en ligne de cette expression.

Et si le street art était l’ancêtre des réseaux sociaux ?

Il est intéressant de noter aussi qu’il existe un vrai parallèle entre street art et réseaux sociaux : les artistes taguent leur nom sur leurs œuvres comme on tagge un tweet ou un statut Facebook. Les messages inscrits sur les murs sont souvent courts comme la limite des 140 caractères sur Twitter. Une œuvre de street art a souvent une importance différente selon l’endroit où elle est faite, comme un check-in sur Foursquare.

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C’est donc un juste retour des choses que les street artists de New York se servent des réseaux sociaux afin d’être connus, appréciés…et achetés.

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Chroniqueur made in New-York