En juillet dernier, les Rencontres d’Arles consacraient une rétrospective au photographe américain Stephen Shore, considéré comme l’un des précurseurs de la photographie américaine et l’un des plus grands coloristes des années 1970. L’occasion de revenir sur un parcours exceptionnel.

Stephen-Shore-Spanky-Few-1

La carrière du photographe Stephen Shore, 68 ans, démarre de manière très précoce à l’âge de 6 ans, quand il reçoit un kit Kodak de développement. A 8 ans, on lui offre un appareil Ricoh 35 mm, et à 10 le livre American Photographs de Walker Evans. Son destin semble alors tout tracé. Mais c’est sans compter son ambition, qui l’emmène plus loin que le jeune photographe de l’époque n’aurait pu l’espérer. À 14 ans, il frappe ainsi à la porte d’Edward Steichen, conservateur au MoMA de New York. A l’âge de 23 ans, le Metropolitan lui consacre sa première exposition. Andy Warhol le repère et l’invite à la Factory, avec laquelle il collaborera de 1965 à 1967.

Stephen-Shore-Spanky-Few-1

C’est à cette époque que Stephen Shore s’impose comme un maitre à penser de la photographie américaine. Ses expériences fascinent, interpellent, à l’image de la série racontant son périple à travers les États-Unis entre 1972 et 1973. D’American Surfaces, on ne retiendra pas des images extraordinaire mais celles d’un quotidien ordinaire -rues, vitrines, stations-service, publicités, repas, chambres d’hôtel, néons, réfrigérateurs, personnes rencontrées –  qui pour Stephen Shore, personnalise l’Amérique. « Je ne voulais pas seulement documenter l’Amérique ; je voulais aussi apprendre et comprendre la photographie et les phénomènes de la perception. »

Stephen-Shore-Spanky-Few-1

Avec Uncommon Places, de 1973 à 1981, Stephen Shore change de registre en adoptant une chambre 8 × 10 pouces posée sur un trépied. Il cherche alors à donner un regard plus net, ancré dans la réalité et non plus dans un certain onirisme. En 1982, le photographe quitte New York pour le Texas et emmène le public dans un road trip aux couleurs saturées à travers l’un des plus grands états des Etats-Unis. « Maintenant que j’ai atteint les maîtrises physiques et structurelles, je m’attache à changer mon mental, confie Shore tout en évoquant le sportif qui s’exerce à la visualisation. Ma manière de faire apparaître de la profondeur dans un paysage, alors qu’aucun élément formel ne semble le permettre, est de m’en former auparavant une image mentale tridimensionnelle. Je ne fais qu’intervenir sur mon mental, que modifier ma perception. » 

Stephen-Shore-Spanky-Few-1

Au début des années 90, Stephen Shore décide de s’éloigner des nouvelles conventions de la photographie, qui prône l’exploitation de la couleur à l’extrême. Il revient au noir et blanc avant de retourner à New York en 2000. « Je dirais que mes deux séries American Surfaces et Uncommon Places essayaient de trouver une nouvelle voie pour la photographie et elles ont influencé ensuite d’autres artistes. Et je crois que les travaux des années 1970 commencent à avoir l’air vieux, comme s’ils appartenaient à une autre culture. »

Stephen-Shore-Spanky-Few-1

Source interview : Le Monde

A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few