Vous ne connaissez pas encore Phyltre ? Il est temps de vous faire découvrir ce groupe dont tout le monde parle en ce moment. Rencontre avec Sylvain, le chanteur du groupe. Au fait, saviez-vous que NTM était l’une des influences de Phyltre ?

Phyltre

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Salut Sylvain, peux-tu nous parler de ton parcours ?

Je peux, mais ça va faire chier tout le monde dès le début de l’interview, non ? Pardon, « importuner tout le monde ». Bon, alors, je vous la fais courte : je suis né, je n’ai pas vraiment grandi, j’ai fait du foot mais c’était fatigant et les gens étaient bêtes, j’ai embrassé une fille et j’ai trouvé ça chouette, j’ai fait des études d’ingénieur, j’ai travaillé, 35h par semaine,  j’ai déprimé tous les samedis parce que le lendemain c’était dimanche et que le lendemain du dimanche, il fallait retourner travailler. La déprime me flinguant mes week-ends, j’ai demandé à Benoît (guitariste) s’il ne voulait pas tout quitter (sauf son pantalon) pour se lancer dans la musique. Quand je lui ai demandé, il était en train d’avaler une boîte de Prozac parce qu’on était un samedi : il m’a dit oui. Résultat : adieu Prozac, nous voilà musiciens, et nous avons le sourire tous les jours de la semaine. Je réfléchis même à rajouter un huitième jour aux semaines tellement ma vie est belle. Je crois que je n’oublie rien. Ah si, une fois j’ai raté mon bus, mais je crois que c’est un détail. Un dernier truc : je me découvre malhonnête puisque je vous avais annoncé que je vous la ferais courte, et que  finalement, je vous l’ai faite longue.

Tu es le chanteur du groupe Phyltre. Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est né Phyltre ?

Je me suis rencontré très jeune, mais tu peux me tutoyer. Pardon, j’arrête les vannes pourries (enfin, j’essaie). On s’est rencontré avec Ben au lycée, puis on a tout simplement balancé des petites annonces et fait passer des auditions à Axel (basse) et Romain (batterie). Les auditions se sont plus passées autour d’une bière à parler de tout et n’importe quoi qu’à bosser des morceaux sur des partitions, mais elles se sont passées quand même. Et depuis 2010, on ne se quitte plus.

Vous chantez en français, chose rare pour un groupe pop.  Est-ce une bonne manière de se faire remarquer par les labels ?

Ce n’est pas du tout l’objectif de base, mais en ce moment, ça tombe pas mal pour nous, je le reconnais. On a mangé notre pain blanc pendant 2 ans, quand même… Le coup du français ou de l’anglais qui sonne tendance et qui plaît aux pros comme au grand public, c’est un peu une sinusoïde, un va-et-vient permanent, comme tout phénomène de mode, d’ailleurs. Il y a peu, on ne jurait que par les groupes français qui chantaient en anglais, et en ce moment, la tendance s’inverse. Il faut vite qu’on devienne disque d’or, car je pense qu’en 2013 il faudra re-chanter en anglais pour faire du rock indé, en ouzbek pour être hype et en qatari ou chinois pour être riche.

On assiste en ce moment à un vrai revival du français avec des groupes comme Lescop, Granville… Qu’en penses-tu ?

Et merde, j’aurais dû lire cette question avant de répondre à celle d’avant. Juste histoire de compléter, je suis assez ravi de ce revival, même si bizarrement, on écoute assez peu de musique francophone. On adore la langue française dans la littérature, la poésie, le théâtre, mais on écoute plus facilement des groupes anglophones. Le peu de groupes francophones qu’on écoute tient dans ta question (tu peux rajouter AV à ta liste, en 2013 je pense qu’on va beaucoup entendre parler de lui et il le mérite, il fait vraiment des trucs classes) ou se tourne vers le passé (Bashung et quelques autres). Bon, il y a quand même Lagaf’, Patrick Sébastien et Herbert Léonard, mais personne ne connaît, c’est trop indé pour que j’en parle ici.

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Quels sont les groupes qui t’ont donné envie de faire de la musique ?

De but en blanc : les Stones, Noir Désir et NTM. Juste des groupes qui défonçaient tout sur scène, en fait.

Quel est ton dernier coup de cœur musical ? Et plus généralement, qu’est-ce qui t’inspire ?

Gossamer, le dernier album de Passion Pit, est un peu une merveille, non ? Dur d’écouter autre chose. Wave Machines, aussi (ok, ce n’est pas récent récent, mais je ne décroche pas non plus), c’est tellement beau. Bon, je vais te la faire courte pour de vrai, parce que sinon ça va devenir pénible. Donc je ne te parle pas de Justice (avec lesquels on joue au Trabendo le 11 octobre, c’est ouf), de Breakbot, de Stuck in the sound, de… pardon. Pour ce qui m’inspire en général, que ce soit dans les textes ou la musique, on est particulièrement et précisément inspiré par… tout et rien. Des notes entendues en voiture, un rêve, un fait d’actualité, un regard de quelqu’un, une aventure banale, un bouquin, bref… rien de super excitant, en fait. Enfin, si, puisque tout est excitant, finalement.

Phyltre est l’un des groupes qui buzzent en ce moment. Quelles sont les clefs de ce succès ?

Très bonne question. Si je connaissais la réponse, je ferais en sorte que ça dure. Je pense que c’est un tout : on écrit et on joue de meilleurs morceaux qu’il y a deux ou trois ans, on les joue mieux, plus souvent, dans de plus belles salles de concert. Pareil pour nos clips, pour nos photos, pour tout ça. En fait, je mens (deuxième fois dans l’itw), j’ai la réponse : c’est jute qu’on bosse comme des malades. Parce que sous nos airs de petits branleurs rigolards, on passe quand même 364 jours sur 365 à bosser comme des chiens. Fallait bien que ça paye un jour, non ?

En période crise du disque, on dit que la scène a pris le pas sur les ventes de disques. Qu’en penses-tu ?

J’en pense que c’est vrai, et que c’est un mal pour un bien. Que ça remet pas mal les pendules à l’heure, que ça va peut-être faire disparaître les « produits musicaux » qui n’avaient rien à foutre là, et que ça va remettre les pieds sur terre à un paquet d’artistes. Aujourd’hui, pour vivre uniquement de la musique et de son groupe, il faut vraiment faire partie d’une élite. Alors c’est parfois un peu raide au niveau financier, mais ça bouge aussi pas mal de gens à aller chercher en eux d’autres portes de sortie artistiques. Chez nous, par exemple, pour manger, on a dû pêle-mêle devenir DJ, comédien, graphiste, vidéaste… et ça nous sert à fond pour le groupe !!!

La crise de la musique justement, tu la vois comment ?

J’ai pas trop le droit de le dire, mais en fait, je crois que je m’en fous un peu. Enfin, non, c’est juste que je suis fatigué par les discussions interminables autour de ce sujet, je crois que du coup je sature un peu. J’exagère un peu, hein. Mais je crois pas mal à une restructuration du système qui va nous porter vers autre chose qu’on ne mesure pas encore. Et comme j’aime bien l’inconnu, ça me convient pas mal. J’en avais un peu marre de voir Charles Aznavour en tête de gondole à la Fnac, en fait.

Quels sont vos projets futurs ? Et que peut-on vous souhaiter ?

On a une fin d’année chargée en émotions : sortie de notre EP « Transferts » le 22 octobre, sortie du clip de « Wacko » (premier single tiré de cet EP) début octobre, des dates un peu partout, des résidences, et surtout la préparation d’un album pour 2013. Alors souhaitez-nous du monde à nos concerts, des likers et des followers à ne plus savoir qu’en foutre, plein d’interviews avec des webzines comme Spanky Few, un bel accueil médias et web pour notre bébé « Transferts », et beaucoup d’inspiration pour notre futur album… ça fait beaucoup, hein ? Pardon, on est gourmand…

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A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few