A l’occasion de l’exposition Faits Divers, nous avons interviewé la créatrice de la galerie PapelArt, Maryline Robalo.

PapelArt

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Bonjour Maryline, vous vous occupez de la plateforme d’exposition PapelArt, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Diplômée des beaux Art de Nantes où je me suis prise de passion pour le livre d’artiste grâce à l’un de mes professeurs ainsi que pour les différentes techniques d’impression, j’ai effectué un stage de fin d’études au sein d’une petite maison d’édition qui m’a permis d’affirmer et confirmer mon goût prononcé pour le livre.

En plein développement il y avait là une chance à saisir, mais forcée de constater qu’il me manquait des compétences techniques alors que je préféré la partie technique à la partie éditoriale du projet, j’ai préféré rejoindre les bancs de l’école (ASFORED) à une embauche, pour mieux revenir. Plus tard et plus armée j’ai occupé au sein de la même maison un poste de chef de fabrication et D.A. pendant 3 ans. En parallèle et sur l’invitation du concept store Think&more, j’ai programmé plusieurs expositions et invité de nombreux artistes émergents à imaginer une nouvelle page de leur histoire. Quand en 2011 un ami m’a proposé de récupérer les locaux de sa galerie au cœur du village st Paul il m’a semblé cohérent de regrouper mon studio graphique crée entre temps et mes projets d’éditions et d’expositions.

Avez-vous toujours été passionnée par l’art ou est-ce une vocation qui est venue tardivement ?

Mes premiers amours étaient dirigés vers la littérature et le livre d’artiste. Je suis infiniment reconnaissante envers mon grand-père qui m’a transmis cette passion pour les livres et appris à les aborder comme on arpente un espace d’exposition, une enfilade de salles de musée. C’est seulement à partir du lycée que je me suis intéressée à l’art contemporain.

En quoi PapelArt est-elle différente des autres galeries d’art ?

PapelArt n’est pas seulement une galerie, c’est une plateforme de création contemporaine, un lieu où l’on montre différentes choses : des livres, des éditions multiples, des œuvres originales et uniques qui utilisent le papier d’une façon ou d’une autre, c’est aussi le lieu de rencontres informelles entre artistes, professionnels de l’art et collectionneurs et un lieu où l’on fait différentes choses : diffusion du travail d’artistes émergents, accompagnement de ceux-ci dans diverses démarches, production de pièces, etc. Et puis PapelArt est une association à laquelle chacun peut adhérer pour voir autre chose, dire les choses différemment, etc.

Quel est le rôle du pôle édition de PapelArt ?

C’est l’endroit où l’on développe des projets qui sont parfois les points de départ du projet d’un artiste ou bien au contraire la finalité, ou des parallèles, des suites qui permettent de réinventer le travail en lui apportant autre chose. C’est aussi la possibilité de proposer des objets de qualité à prix accessible. Enfin c’est pour nous la possibilité de mettre en œuvre l’ensemble de nos compétences…

Pensez-vous qu’aujourd’hui une galerie doit savoir se diversifier à l’image de PapelArt ?

Pas nécessairement, cela dépend du projet. C’est ce que nous voulions : que notre activité soit transversale, à l’image des pratiques contemporaines pour ainsi pouvoir répondre au mieux aux besoins et attentes des jeunes artistes.

Les œuvres diffusées par PapelArt sont résolument modernes et très graphiques. Pourquoi ce parti pris ?

C’est de là que je viens, c’est ici que je suis. Si elles sont modernes c’est peut être parce qe nous soutenons de jeunes artistes. Il nous semble important d’être de notre temps et de construire quelque chose avec des artistes de notre génération. Graphiques ? Oui c’est vrai. Ma culture est avant tout celle des livres, de la presse et de l’industrie graphique. J’ai peut-être essayé de retrouver certains de ses codes chez les artistes que j’ai sélectionnés.

PapelArt

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Quelle est votre vision de l’art contemporain aujourd’hui ?

Vaste question…Je crois qu’aujourd’hui l’artiste et l’art ne sont plus seulement là où il est attendu et qu’il prend toutes les formes possibles. Il faut rester très vigilant et ne pas confondre art et image. L’image peut être très rassurante, l’art ne doit pas l’être.

Quel est votre dernier coup de cœur artistique ?

Le travail d’une jeune artiste française dont nous aimerions produire un livre hybride très poétique : Waii_Waii. Elle habite Lille, produit ses livres à la main chaque semaine, c’est formidable.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que les galeries sont élitistes ?

Que les plateformes ne le sont pas ! Et qu’au sein de notre espace il y a toujours quelqu’un pour vous recevoir, vous expliquer la démarche de l’artiste et de la plateforme et vous guider si nécessaire.

Pensez-vous qu’Internet ait changé le regard des gens sur l’art ?

Je ne pense pas. Le rapport à l’image a changé, mais l’image n’est pas l’art.

Quels sont les projets de PapelArt pour les prochains mois ?

L’exposition actuelle sur le thème des Faits Divers vient à peine de commencer ! En parallèle nous travaillons sur notre site web, préparons 2 pièces avec le studio de design Non sans raison et Dorian Jude, mais aussi une affiche destinée aux plus petits, qui inaugurera notre collection d’affiches, dans le cadre de la prochaine exposition sur el thème du bestiaire.

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 L’exposition Faits Divers chez PapelArt jusqu’au 7 avril 2013

Apparus dès les débuts de l’imprimerie et s’inscrivant dans la grande tradition de la presse, les Faits Divers sont à la une à l’espace galerie de la plateforme PapelArt.

Sous l’aspect anecdotique et individuel de ces récits souvent fatalistes se cachent et se rejouent les problématiques universelles et fondamentales de la vie, la mort, l’amour, la destinée ; ce thème touche au fonctionnement brut de notre société, à ses rouages humains et engendre par là même les approches plastiques les plus diverses.

Experte en récits à sensations, Valentine Fournier a imaginé 6 boîtes sur ce thème, qui sont autant d’évènements extraordinaires, mystérieux, morbides ou simplement étranges, illustrant la part sombre du quotidien.

Elise Bergamini explore, elle, l’aspect charnel, le corps comme cause ou dommage collatéral d’un emportement, objet de violence, marque, pièce à conviction du scandale. Les membres deviennent autonomes, désolidarisés, en cire ou en plâtre ils sont désincarnés.

Claire Trotignon revisite l’histoire de l’énigmatique personnage dit «Unabomber» qui fabriquait des bombes artisanales au fond des bois de Sacramento aux États Unis et qui tout en étant l’auteur de 16 attentats a réussi à échapper pendant plus de 20 ans au FBI. Son travail de collecte de gravures et son écriture de l’architecture ont trouvé refuge autour de la cabane de ce serial bomber, pièce à conviction principale lors de son procès.

Enfin, Léopold Fradin, crée cette fois des enveloppes uniques en cuivre et en laiton autour de lettres envoyées par des auteurs dont les accidents de la vie ont marqué la littérature : Paul Verlaine écrit à Rimbaud une lettre après lui avoir tiré dessus, Oscar Wilde écrit à Lord Alfred Douglas depuis la prison où il purge une peine pour grave immoralité, etc.

Le travail du tampographe Sardon, adepte des inepties du quotidien et grand manitou de la farce humaine, vient injecter une part d’humour à l’absurdité de ces évènements tragiques.

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En savoir plus sur PapelArt…

PapelArt est une plateforme de création (expositions /édition/ création graphique) qui place l’utilisation du papier au cœur de ses engagements. Défendre la transversalité des pratiques artistiques contemporaines ainsi qu’offrir un accompagnement substantiel aux artistes  anime nos préoccupations quotidiennes. Convaincue que le papier comme support et objet a plus que jamais sa place au sein d’une société du tout numérique, Maryline Robalo, fondatrice de PapelArt, a souhaité  acquérir un savoir-faire et une expertise qui ont pour mission de participer à une nécessaire forme de réécriture de son usage.

A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few