Il est très possible que nous ayons trouvé l’événement de nos rêves, qui mêlerait musique et food… Rencontre avec Kevin Douvillez, l’initiateur des Francos Gourmandes, un événement qui débute aujourd’hui et dure tout le week-end, pour le plaisir des oreilles et des papilles.

Kevin Douvillez - Crédit photo : Le jsl - Gilles Dufour

Kevin Douvillez – Crédit photo : Le jsl – Gilles Dufour

Bonjour Kevin, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Après des études d’Histoire de l’Art et d’Archéologie, j’ai été embauché, un peu par hasard, par Morgane Production, spécialisée dans la production audiovisuelle et productrice des FrancoFolies de la Rochelle. J’ai navigué entre les différentes activités de la société jusqu’à prendre en main la programmation des Francofolies de la Rochelle durant plusieurs années. En parallèle de cette activité, je me suis toujours passionné pour le « bien manger », les produits du terroir et la richesse gastronomique que nous avons en France. Je commençais ces dernières années à fréquenter assidument les salons du vin ou les marchés de producteurs…

Vous êtes directeur des Francos Gourmandes, quel est le concept ?

L’idée est simple : marier sur un même espace et durant 3 jours les deux plaisirs préférés des français c’est-à-dire la musique live et la gastronomie !

En quoi cet événement se démarque-t-il des très célèbres Francofolies de la Rochelle ?

Il se démarque justement par la place du culinaire dans l’évènement et par sa configuration. Les Francofolies s’articulent autour de multiples scènes indépendantes en plein cœur du centre ville de La Rochelle, chacune avec sa propre identité musicale. Les Francos Gourmandes au contraire se développent dans une prairie en bord de Saône sur laquelle toutes les expressions artistiques et culinaires sont réunies. Il y a bien évidemment une continuité naturelle dans la sélection par exemple de jeunes talents musicaux de la région bourgogne ou de talents émergents de ce qu’on appelle la «nouvelle cuisine ». La volonté dans ces deux évènements est aussi bien de faire découvrir que de rendre abordable des arts populaires.

Comment est née cette idée de mêler musique et gastronomie ? En quoi sont-elles complémentaires ?

Cette idée est née d’un simple constat de festivalier (que je suis depuis 20 ans) : on ne mange pas bien sur les festivals de musique ! Et pourtant, les festivaliers sont pour la plupart aussi sensibles à ce qu’il se passe sur scène que ce qu’il y a dans leur assiette ! Autant avoir la même exigence dans la sélection et la présentation de ces deux domaines.  C’est donc naturellement qu’est venue cette idée…

Il est vrai que sur le papier, on n’imagine pas forcément le lien entre ces deux plaisirs. Et pourtant, on retrouve un vocabulaire commun (on parle de piano ou de batterie de cuisine…) et surtout des personnalités, artistes et chefs, qui se rapprochent. Un chef élabore son plat avec des ingrédients qu’il a soigneusement sélectionné (comme l’artiste choisi ses mots et ses notes), s’inspire de différents courants culinaires pour y trouver sa propre expression et doit réaliser sa recette dans un temps donné, comme une chanson, avec une certaine précision de geste. Le tout sans filet puisque au bout le spectateur ou le gastronome attend son plat ! Quand un artiste et un chef, se rencontrent, ils connectent immédiatement. Ce n’est pas, je le crois maintenant, totalement un hasard…

Les programmations musicales et culinaires sont-elles liées ? Les pensez-vous ensemble en amont ?

Elles ne sont pas en amont immédiatement liées… Elles sont élaborées en parallèle avec comme ligne directrice d’avoir la plus large palette de genre musicaux (reggae, chanson, électro…) ou de goûts. Quand elles se finalisent, on se rend compte que l’expression de certains chefs coïncide à certains artistes comme par exemple la cuisine urbaine de Gilles Choukroun se marie naturellement à la trip hop de Wax Tailor ou encore le blue grass de Sanseverino trouve un écho dans la fantaisie sans fioriture d’un Jean-Michel Carette.

Quels sont vos derniers coups de cœurs musicaux et culinaires ?

J’ai beaucoup aimé les derniers albums de Keny Arkana et de Jacques Higelin tout comme j’ai pris une belle claque en découvrant Fauve sur scène. Niveau culinaire, je suis devenu dingue ces derniers mois d’un jambon persillé d’un boucher charcutier de Tournus. J’ai aussi découvert un chouette bistro vraiment abordable rue d’Alésia à Paris, l’Essentiel. J’aime cette restauration à la portée de tous, c’est même l’essentiel de ma culture culinaire. Je n’ai pas vraiment l’habitude de fréquenter les restaurants étoilés. C’est en développant les Francos Gourmandes que j’ai découvert ce milieu. J’ai été rapidement séduit par toute une génération de chefs trentenaires qui dépassent les codes, franchissent les frontières sans pour autant ignorer leurs ainés. Je m’y retrouve dans cette philosophie !

Parlez-nous de cette deuxième édition… Qui seront les artistes et les chefs présents ?

Les Francos Gourmandes se déroulent sur un espace de loisirs au bord de la Saône et s’articulent autour de 2 scènes jouant en alternance (avec des artistes comme Orelsan, Wax Tailor, Tryo, Jimmy Cliff, Zaz, Tété, Danakil, Saule…) et d’un espace culinaire regroupant un grand marché de producteurs de Bourgogne (Escargots, fromages AOC, volaille de Bresse…et bien évidemment des vignerons) et l’allée des Chefs, un immense restaurant gastronomique en service continu durant la durée du festival, qui proposera 9 plats réalisés par 9 Chefs : les étoilés Christophe Michalak, Jean-Michel Carrette et Gilles Choukroun, lʼancien chef pâtissier d’Alain Ducasse Gilles Fraïoli , le détenteur du Bib Gourmand Robert Jacquet, le toqué du Gault&Millau Christophe Hubert et la fine fleur de la génération de la nouvelle cuisine : Guillaume Monjuré, Simone Tondo et Michael Greenwold et Jérôme Bigot. L’immense Christophe Michalak, champion du monde de pâtisserie en 2005 et actuel créateur du sucré au Plaza Athéné, a accepté d’être le parrain de cette 2ème édition. Il va étonner les festivaliers en proposant des sandwichs et des verrines sucrées à emporter et surtout en proposant dans l’allée des Chefs un plat salé dont il garde le secret : des Orrechiettes d’enfer !!! 3 jours de plaisirs pour les papilles gustatives et auditives, le tout dans le cadre bucolique de bord de rivière… Elle est pas simple la vie avec les Francos Gourmandes ? 😉

 Pourquoi avoir choisi la Saône-et-Loire ?

C’est un territoire méconnu qui recèle de multiples richesses. On l’appelle la petite France tant l’agriculture du département est diversifiée et préservée. J’ai découvert ce département par hasard et ce même hasard m’a amené à rencontrer des gens motivés  à développer ce projet avec nous (Gérard Lacroix de Morgane Groupe  et Luc Gaurichon de Caramba Spectacles). Nous essayons de sélectionner le meilleur de ce territoire et de le proposer aussi bien aux chefs qui ont accepté ce défi de produire de la qualité pour un aussi grand nombre de personnes qu’aux festivaliers en contact direct avec les producteurs. Un festival n’existe pas sans échange. C’est tout simplement ce que nous essayons de générer avec des éléments inédits à cette échelle et dans cette thématique…

Pensez-vous déjà à la troisième édition et de manière générale, comment aimeriez-vous développer le festival ?

A quelques jours de cette seconde édition, c’est un peu compliqué pour moi de se projeter sur la 3ème ou 4ème édition ! J’ai la tête sur plein de petits détails pour que la fête soit réussie… Un festival se développe aussi au contact de son public : on rectifie et/ou innove en fonction de la réaction du public sur les nouvelles choses qu’on met en place à chaque édition. Je pourrais donc vous répondre à cette question à partir du 10 juin !!!

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Edit 2015 : le nouveau directeur des Francos Gourmandes est aujourd’hui Olivier Boccon-GIbod avec une proposition très différente à découvrir sur le site de l’événement. 

A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few