Et si la solution pour être heureux, c’était de réaliser des bouquets de fleurs ? Ce n’est pas Myrtille Bourdaud’hui – créatrice du blog L’autre côté de la barrière – qui nous dira le contraire. Cette experte du digital cultive un jardin plus très secret puisqu’à travers son blog, elle nous dévoile un art floral moderne et poétique. À travers ses créations, Myrtille casse en effet l’image parfois trop bourgeoise et trop girly de l’art floral. Et on doit même avouer que chez Spanky Few, on a nous aussi eu envie de se mettre aux fleurs après avoir découvert  L’autre côté de la barrière.

couronne

Hello Myrtille, peux-tu nous parler de ton parcours ?

Alors je m’appelle Myrtille, j’ai presque 30 ans, mais pas tout à fait encore. Je travaille dans l’internet depuis 7 ans, 6 années en agence et une chez l’annonceur. Je suis en charge de l’e-commerce pour une marque de cosmétiques le jour et blogueuse florale dès que possible parce que l’air de rien ça fait plus de 12 ans que j’ai quitté ma Normandie pour de moins vertes prairies.

L’art floral et les fleurs en général t’ont-ils toujours passionnée ? Pourquoi ? 

Oui depuis toute petite je suis un peu fascinée par les fleurs. Mais lorsque je n’étais qu’un mini pouce, ça me paraissait normal, je pensais que tout le monde était comme ça. Ça ne fait que quelques années que je me suis rendu compte que les parisiens ne connaissaient pas le nom des fleurs et que tout le monde adorait ça sur Instagram, mais que personne ne savait trop lesquelles acheter et comment les arranger !
Il y a plein de choses qui me plaisent dans les fleurs, je les trouve naturelles, franches, sauvages, élégantes. On peut leur faire dire ce qu’on veut si on sait les apprivoiser. Et puis elles sont inspirantes, ce n’est pas pour rien qu’on les retrouve aussi bien dans la mode, la déco, la beauté. La fleur est omniprésente, j’essaye de la rendre extraordinaire.

 Pourquoi avoir dédié un blog à cet art ? 

Pour tout ça justement. Pour que mes copines n’aient plus peur d’acheter des bottes et de les assembler elles-mêmes. Pour que les garçons trouvent ça chouette de savoir à quoi ressemble une capucine à part à leur ex-amoureuse de 3emeB et pour me faire plaisir aussi. Ça faisait des années que je tenais un blog. Je suis immergée dans l’internet et les différentes blogosphères depuis un bail, j’avais tenté la culture, le voyage, mais aucune thématique ne me différenciait de tout ce qui se faisait déjà et ne me donnait envie de persister plus de trois mois. J’ai toujours aimé écrire, maintenant je le fais sur mon sujet à ma manière, du moins je l’espère !

 Qu’est-ce qui t’inspire pour créer tes bouquets ? 

Houla, je dois dire que je fonctionne énormément à l’instinct. Je file chez le fleuriste je choisis les fleurs de saison que je trouve chouettes, selon mon humeur. Je prends tout ce que j’aime et en rentrant je pose tout en vrac dans la cuisine et je vois comment les assembler. Après assembler des fleurs c’est un peu comme assembler des fringues le matin, parfois on a plus ou moins d’inspiration et nos envies se nourrissent de ce que l’on voit dans les magazines, des tendances, des couleurs. Là par exemple c’est le grand retour des succulentes, on ne sait pas trop pourquoi, mais c’est chouette, ça permet d’introduire de nouvelles idées dans les bouquets !

 Comment décrirais-tu le bouquet idéal ? 

Décidément, elles sont compliquées ces questions ! Je crois qu’un bouquet idéal c’est celui qui vous ressemble ou qui ressemble à ce que vous voulez exprimer quand vous l’offrez. Je regrette souvent que les bouquets des fleuristes soient trop classiques, qu’ils emploient toujours le même type de fleurs, qu’ils jouent sur les dégradés de couleurs et que rien ne dépasse de leur rondeur. On s’en fiche si vous voulez mettre du rouge avec du violet et des roses avec des agapanthes, l’important c’est que vous trouviez le résultat fidèle à ce que vous aviez projeté.

pivoines

Aimerais-tu faire des fleurs ton métier à plein temps ? 

Bien sûr, j’en rêve ! Mais à ma manière, pas forcément en ouvrant une boutique, mais plus en faisant partager ma passion et en mêlant, fleurs, web, marques et communication, parce que je ne veux pas renier mes 7 dernières années. C’est un peu cliché, mais je crois que le cap des 30 ans a fait son petit effet. J’adore le web et mon job, ça me permet d’apprendre sans cesse plein de choses dans plein de domaines, mais je crois que j’ai toujours aspiré à autre chose. J’ai fait des études, j’ai coché la case agence puis grande entreprise, maintenant je n’ai plus rien à prouver je peux m’affranchir un peu de mon rôle de bonne élève et mettre les mains dans la terre sans avoir à me justifier.

Parle-nous des collaborations que t’a apportées ton blog. Gardes-tu un souvenir particulier de l’une d’entre elles ? 

Comme le blog est tout jeune, je n’ai pas encore moult souvenirs de fleuriste aguerrie. J’ai adoré rencontrer ElsaMuse et lui mettre des fleurs dans les cheveux le temps d’un shooting en plein Paris parce que c’était drôle et que cette fille est fraiche. Elle fait des projets avec plein de monde, mais elle ne se la raconte pas, son sourire et vrai et ça c’est suffisamment rare pour être remarqué ! C’était aussi totalement fascinant de voir toutes mes compositions florales exposées lors de la journée Lovely Bike de lov Organic. C’était la première fois que je confrontais plein de «vrais gens» à mes bouquets et c’était vraiment touchant de voir que l’on me faisait confiance, que j’en étais capable, et que les gens aimaient ! Et puis forcément il y a mes copines d’Amalgame, avec qui je fais des collabs, qui sont trop douées, super stylées et qui font les choses comme elles en ont envie parce qu’elles en ont envie. Bref ce qui est chouette avec ce blog ce sont surtout les rencontres qu’il génère.

On voit beaucoup de marques – notamment mode – qui utilisent des fleurs dans leurs campagnes publicitaires. Comment expliques-tu cet engouement ?

Je ne sais pas. Je pense que les gens ont besoin d’air, surtout les urbains. Si je prends l’exemple de Paris, le vert manque cruellement alors quand tu projettes des fleurs, tu projettes de la couleur, de l’élégance de la féminité, mais naturelle, fragile, éphémère. La fleur est hyper poétique elle colle bien à l’imaginaire de la mode. Promouvoir le végétal ça peut exprimer plein de choses et surtout : c’est beau.

Les cours de composition florale semblent se multiplier dans les grandes villes, comment expliquer ce phénomène ?

Je pense que c’est un peu pareil, un phénomène urbain pour les gens sans jardin. J’ai vu un reportage sur les poulaillers de balcon, depuis j’en rêve, et dans un autre domaine je ne rate pas un épisode de Top Chef. Bein c’est un peu la même chose, cette envie de retour aux sources. Et puis faire un bouquet c’est un moment de détente, un moment d’expression et tu profites de ta création pendant des jours. Ca te change de ton quotidien métro, boulot, tu as l’impression d’apprendre autre chose qu’insérer un gif dans ton PowerPoint, tu déconnectes et tu te recentres sur quelque chose de plus « authentique » d’artistique tout en étant pragmatique et accessible. Revaloriser l’artisanat et tous les métiers du genre ça me paraît essentiel. On est peut être la génération qui en marre de s’être entendu dire qu’il fallait faire une école de commerce pour réussir sa vie !

Les fleurs ont-elles quelque chose de rassurant qui plait en ces temps difficiles ?

Je ne sais pas les fleurs sont peut être la nouvelle comfort food ! Moi je cumule je fais des bouquets en ingérant des M&M’s et je suis épanouie, c’est vrai, ça marche !

Un mot de la fin ? 

Tu m’en as déjà fait dire plein ! Je pourrais faire mon auto promo, mais c’est un peu cliché alors je dirais juste : Batman. (bein quoi c’est le nom de mon chat et je n’avais pas encore placé une seule allusion à un petit animal mignon dans cet article).

bouquetmaison

A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few