Depuis quelques années, les vidéos ASMR fleurissent sur YouTube. Entre incompréhension et fascination, le sujet ne laisse pas indifférents ceux qui s’y penchent. La presse française n’est notamment pas tendre avec cette nouvelle discipline, qu’elle assimile souvent à une pratique sexuelle. Spanky Few a voulu en savoir plus et a rencontré Sandra, une membre très active de la communauté ASMR française.

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Sandra, comment définirais-tu l’ASMR ?

On donne la définition de Autonomous Sensory Meridian Response soit Réponse de Méridien Sensorielle Autonome. Ça ne parle pas à grand monde… Pour moi, c’est une sensation de plaisir engendré par des sons, des voix. Cette sensation me permet de me calmer lors d’un moment d’angoisse, ou peut m’aider à m’endormir.

Comment as-tu découvert cette discipline et pourquoi t’être lancée dans la réalisation de vidéos ?

J’ai découvert par hasard l’ASMR sur YouTube alors que je cherchais des vidéos de relaxation. J’ai tout d’abord trouvé ces vidéos bizarres… Je ne comprenais pas pourquoi ces Youtubeurs chuchotaient, ou bien manipulaient certains objets. Puis, je me suis laissée rapidement porter par ce moment de détente. Je me suis ensuite lancée dans la réalisation de vidéos, car c’était comme un échange de bons procédés ! Des Youtubeurs que je ne connaissais pas m’ont aidé à mieux dormir (et nous savons tous à quel point le sommeil est important), alors j’ai voulu à mon tour aider d’autres personnes. Si chacun prenait un peu de son temps pour aider son voisin, je pense que le monde se porterait un peu mieux !

Comment expliquer l’engouement du public pour l’ASMR ?

Je ne peux parler qu’en mon nom, et les vidéos ASMR m’ont beaucoup aidé sur mon sommeil et/ou mes angoisses. Pour moi, c’est un moment de détente, de relaxation, et, il faut le dire, accessible gratuitement. Je crois également en la pensée positive. Voir des personnes souriantes, douces, parlant calmement peut jouer sur le moral. Le public se retrouve alors comme un enfant, lorsque sa mère lui racontait des histoires pour l’endormir.

L’ASMR est beaucoup plus démocratisé dans les pays anglo-saxons qu’en France, comment expliquer cela ? Est-ce un frein culturel ?

Nous ne sommes pas dans une société de « lâcher-prise ». Nous avons des journées bien remplies, voire éreintantes, et le soir, nous ne prenons pas toujours le temps de nous arrêter pour penser à nous, prendre du recul, souffler. Mais, c’est le cas de beaucoup d’autres pays. Je ne pense pas qu’il s’agit donc d’un frein culturel. Il faut peut-être tout simplement du temps pour que cette méthode de relaxation arrive jusqu’en France.

L’ASMR est parfois envisagé assez négativement par la presse française qui a tendance à l’associer à une pratique sexuelle… Comment expliquer cette incompréhension ?

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas tous réceptifs à cette méthode de relaxation. J’imagine qu’il est donc normal qu’elle soit critiquée. Pour en expliquer les effets, le terme d’ « orgasme cérébral » est souvent utilisé par les « ASMRtistes » ou bien par les personnes qui regardent/écoutent ces vidéos. Il ne faut pas chercher plus loin… Je comprends ce terme, mais j’évite de l’utiliser à cause de cet amalgame. De plus, comme souvent sur Internet, vous pouvez tomber sur des vidéos qui n’ont pas le contenu de votre recherche ; comme pour l’ASMR où certain(e)s utilisent ce terme pour faire des vidéos quelque peu dénudé(e)s… Je ne comprends pas cette pratique et elle n’a, en aucun cas, un rapport avec l’ASMR.

Certains Youtubers spécialisés ont fermé leurs chaines ces dernières années et déchainé les passions. Comment expliquer ce phénomène ? Les « ASMRtistes » seraient-ils des psys nouvelle génération ?

Lorsque vous avez une habitude, quelle qu’elle soit, et qu’elle se « casse », il faut un temps d’adaptation. Comme un ami que vous voyez chaque semaine et qui déménage, ou bien des vidéos que vous regardez chaque soir et qui ne se renouvellent plus. Mais je ne pense pas qu’il faille déchainer les passions pour autant. Il faut prendre du recul. J’aime à penser que les personnes qui regardent des vidéos ASMR durant une période stressante de leur vie n’en aient plus besoin ensuite, ou bien uniquement pour passer un moment de détente, sans attente précise. Les « ASMRtistes » ne sont pas des psys nouvelle génération. Nous n’avons pas (sauf exception) fait d’études de psychologie. Nous ne pouvons pas procéder à un acte médical comme un diagnostic ou la mise en place d’une thérapie. Néanmoins, nous avons envie de maintenir ou améliorer le bien-être des personnes qui nous regardent.

Certains parlent même de « gourous ». Qu’en penses-tu ?

Les professeurs de Yoga, sophrologues, ou autres, sont-ils des « gourous » ? Je ne pense pas, et pourtant ils essaient également de nous montrer une voie de relaxation.

Penses-tu qu’à l’avenir, l’ASMR puisse être reconnu comme une thérapie alternative ?

Je ne sais pas si l’ASMR sera reconnu comme une thérapie alternative, mais je pense qu’elle pourra, par exemple, donner des idées d’art-thérapie. Sur certaines de mes vidéos, je montre (en chuchotant) comment réaliser du « paper cutting » ou des origamis. Nombreux « ASMRtistes » donnent des conseils pour lutter contre le stress. Mais il ne s’agit là encoreque de conseils.

Selon toi, comment l’ASMR va-t-il se développer à l’avenir ?

Peut-être qu’il sera plus commun d’entendre « j’ai du mal à dormir ces derniers temps, donc je vais regarder quelques vidéos ASMR ! ». J’espère vraiment que cette méthode de relaxation pourra aider ponctuellement certaines personnes.

Vous voulez en savoir plus et/ou découvrir le travail de Sandra ? Consultez sa page Facebook ou son compte YouTube.

A propos de l'auteur

Créatrice de Spanky Few